Site icon Madagascar Media

Le gouvernement « velirano »

Velirano à Madagascar

Le mercredi 29 janvier 2020, sera donc inscrit comme un premier tournant dans le quinquennat d’Andry Rajoelina. Un remaniement ministériel ayant débouché sur 10 nouvelles arrivées au sein du gouvernement Ntsay qui s’inscrivent dans une régénération nécessaire à la mesure des défis se présentant à la majorité présidentielle. Les « gros œuvres » comme l’a rappelé, lors de la présentation des vœux, le Président de la république, sont attendus avec une série d’avancées par les observateurs, une croissance inclusive en faveur des populations, une issue favorable sur le dossier des îles Éparses, la réforme du projet de l’éducation nationale, l’accès à l’électricité et l’eau potable, la fin des délestages et encore pleins d’autres chantiers qu’on ne peut pas citer, tant la liste est exhaustive.   En politique, en ce qui concerne l’exercice du pouvoir, il y a deux sentiments prédominants que ressent le chef d’État. Tout d’abord, le premier scenario qui se présente à l’exécutif, à l’heure du premier bilan, le Président s’aperçoit que les hommes formant le gouvernement ne parviennent pas à respecter la feuille de route qui avait été transmise à chaque ministère. Une première désillusion apparait. Le deuxième scenario est constitué d’une prudence, souvent l’œuvre des conseillers pour éviter de provoquer une rupture, le président décide alors d’aller en douceur dans sa première année de quinquennat avec comme objectif une relative continuité de pouvoir, mais qui devient vite, très en deçà des espérances et nourrissant un premier regret. Nous savons tous que les politiques à Madagascar sont très observateurs de ce qui se passe en France.

La prudence ou la rupture en politique ?

Dans le passé récent, l’Élysée a été le théâtre de ses deux scenarios politiques, très fréquents dans l’approche du pouvoir. Les français ont assisté à la rupture de Nicolas Sarkozy, très inspiré de la culture anglo-saxonne comme Ronald Reagan ou Margaret Thatcher. Puis, en totale opposition, les français ont élu et fait le choix de la prudence par le biais du socialiste François Hollande. Une prudence qui a été vite balayée car au premier remaniement ministériel, son premier ministre, Jean Marc-Ayrault, a été évincé pour installer l’impétueux Manuel Valls qui avait la charge d’accélérer les réformes et impulser une forme de rupture.

Finalement ce nouveau gouvernement ne serait-il pas le gouvernement « velirano » ?

Le processus imposant un rythme accéléré de travail est dû au système quinquennal lié à notre constitution. Je continue de marteler à qui veut l’entendre, le quinquennat n’est en aucun cas adapté à la situation politique à Madagascar. Le chef d’État a besoin d’un temps long pour agir et sortir Madagascar de la pauvreté endémique. Cependant, nous en sommes encore très loin, et la réforme constitutionnelle n’est pas à l’ordre du jour. Par conséquent, il ne reste déjà que 3 ans au Président malgache pour accélérer sur les 13 velirano car la dernière année du quinquennat est majoritairement absorbée par la campagne présidentielle, encore un argument de plus, cela dit en passant, contre le quinquennat. Les ministres sont avisés et risquent d’être sous pression, sans précédent, car un manquement de leur part fera l’objet d’une sanction irrévocable, leurs prédécesseurs peuvent en témoigner. Dans ce nouveau contexte, un homme sort toujours du lot, l’inamovible Christian Ntsay qui peut s’appuyer sur la confiance indéfectible du Président de la République, fort de trois reconductions à la primature, une réelle force au moment de chapeauter ce nouveau gouvernement « velirano ».

Gregory SILENY, Editorialiste.

[mo-optin-form id=2]
Quitter la version mobile