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Est-ce que le RN est raciste ?

Est-ce que le RN est raciste ?

Dans une ère où la « cancel culture » s’impose à tous, il est légitime dans un tel climat de se demander si le RN est raciste. Selon certains observateurs, ses électeurs le sont aussi par essence. Si le parti extrémiste suscite toujours un vif intérêt des médias, c’est en grande partie par ses moult provocations envers les musulmans qui seraient selon lui, à l’origine du mal français entre insécurité, repli communautaire et rejet de l’identité française.

Le Rassemblement National a profondément muté depuis le passage de Jean-Marie à Marine Lepen. Analyser l’électorat frontiste des années 80 comme identiques aux années 2000 serait trompeur. Il ne s’agit ni d’un vote sanction ni d’un vote raciste in fine. Que le Rassemblement National propage la haine et la division, cela apparaît comme une évidence. Il n’y a que le nom du parti qui se veut rassembleur, mais sa seule existence et sa légitimité reposent sur une situation de crise, de baisse continuelle du pouvoir d’achat et d’exclusion sociale depuis les années 80 avec l’apparition de la grande pauvreté dans la société de consommation postseconde guerre mondiale. Il ne faut pas se tromper si les partis traditionnels, appartenant au champ républicain, parviendraient à une politique d’inclusion, de rassemblement et d’économie vertueuse, le Rassemblement National ne jouirait pas du poids qui est le sien, encore aujourd’hui.

Le vote du désespoir

La composante électorale du Rassemblement National demeure relativement hétérogène. La réduire à sa tranche très minoritaire composée de racistes revient à participer indirectement à son rayonnement. Car mal le connaître induit à perdre la bataille face à des idées de plus en plus populaires en Europe. Le Rassemblement National a beaucoup gagné auprès de la classe prolétaire dont les conspirationnistes. Pour ces derniers le parti de Marine Lepen s’inscrit comme l’adversaire idoine pour renverser l’establishment. Il n’y a rien d’étonnant dans ce melting-pot de personnes en souffrance, autrement dit des citoyens qui ne sentent pas appartenir au roman national, de trouver des anti-systèmes, des conspirationnistes, des Français moyens issus de banlieues, des ruraux et même des Français d’origine immigrée. Se mêle aussi une frange catholique qui abonde dans les idées contre la théorie du genre notamment.  Pour mieux appréhender l’électorat de Marine Lepen, une étude réalisée par la Fondation Jean Jaurès, parue en avril 2021 mettait en exergue que la base électorale était composée des moins riches et des moins diplômés. Cette même étude révélait que les femmes exposées aux problèmes d’insécurité se retrouvaient de plus en plus dans les idées frontistes. Cette résultante appuie sur le fait que les causes du vote en faveur de Marine Lepen sont davantage sociales que raciales, indéniablement.

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