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Baisse de la pauvreté : utopique ou réalisable ?

Pauvreté à Madagascar

72% des malgaches ce qui représente 18 millions de la population vivent avec moins de 2 dollars par jour. Cela n’induit pas que les 7 millions restant vivent pour autant bien puisqu’une autre pyramide des revenus en découle où seule une petite minorité spolie toutes les richesses, un constat général observé dans d’autres sociétés dans le monde. Mais, à  Madagascar, on voit très bien l’anormalité de la composante de notre société sans l’avènement d’une classe moyenne. À l’échelle d’une classe d’école, seuls 3 élèves sur 10 auraient les dispositions nécessaires pour étudier en ayant au moins 2 repas par jour. Les chiffres officiels évoquent un enfant sur 2 qui souffre de la malnutrition. La pauvreté conduit à d’autres fléaux croissants comme l’insécurité et la délinquance, l’individualisme et le repli sur soi, la défiance et les situations de crise, l’instabilité et la remise en question de la démocratie, parfois encore, plus grave, la radicalisation et l’intégrisme. L’état de pauvreté tend à s’aggraver puisque le taux de natalité étant élevé chez les ménages à faible revenu, cette catégorie de la population étant majoritaire, ce qui va donner lieu à des enfants pauvres dans un schéma naturel de reproduction sociale. Aujourd’hui, 50% des malgaches ont moins de 25 ans et le taux de natalité atteint le chiffre de 4 enfants par femme.

Des paroles aux actes

Si Andry Rajoelina a été clair en début d’année 2020 en disant fermement « mon plus grand ennemi est la pauvreté » ; en prendre conscience et l’affirmer en ces termes est un commencement, toutefois la politique visant à endiguer la pauvreté dans toutes ses formes, va beaucoup plus loin. Aujourd’hui, il y a des manques à ce niveau puisque si on veut entrevoir une baisse de ce chiffre considérable, il faut agir conjointement dans différents secteurs et ne plus isoler la politique publique. Les ministères sont tous localisés géographiquement à  Antananarivo, dans la capitale, au sein d’un environnement urbanisé ce qui parfois peut faire oublier que l’autre phénomène majoritaire auquel est exposé Madagascar, c’est sa ruralité. Plus de 80% de la population habite en terre agricole, soit légèrement plus de 20 millions d’habitants selon les derniers chiffres et une étude réalisée en 2018 sous la tutelle du Ministère de l’économie. La problématique rurale se gère très différemment des villes. Un pont doit être fait entre monde rural et monde urbain, entre habitant de la ruralité et homme politique « des villes ». Habiter la ruralité, en plus d’être impacté par la pauvreté, c’est vivre dans des zones enclavées loin du service public et de l’accès à toute forme d’insertion. De fait, il convient de penser comment des personnes en terre agricole pourrait augmenter leurs revenus, souvent faméliques, et périclités par la crise climatique. Des représentants des ministères et des élus locaux venant s’installer en ruralité seraient tellement pertinents dans le but d’introduire des politiques d’inclusion.

La politique d’aide sociale

Dans une chaîne plus longue dans le temps et coûteuse budgétairement, l’État doit prendre à bras le corps sa politique en matière d’Éducation.  Elle doit inscrire l’éducation comme la ligne prioritaire dans sa loi de finance. Si rompre avec la pauvreté est une priorité, il faut donner les moyens à tous les malgaches d’y accéder via des systèmes de bourses sociales et investir dans les écoles pour qu’elles aient accès à des moyens inclusifs comme les cantines, les matériels scolaires, les blouses, les livres. Les écoles doivent aussi tourner leurs programmes sur les besoins de l’économie malgache en trouvant la bonne proportion et bonne répartition entre des cursus courts visant à rompre avec la déscolarisation et des cursus longs pour jouir aussi de compétences élevées. La bourse présente l’avantage d’agir à effet immédiat sur le pouvoir d’achat des ménages et à réduire la pauvreté non seulement maintenant et plus considérablement à long terme. En raison du nombre trop important de ménages fragiles, l’État doit réfléchir à un système d’allocation qui s’étalerait sur plusieurs années avec un système d’alternance entre année pair et impair ou fonctionner par un système de régionalisation.  Les Ministères doivent davantage travailler en synergie pour que l’agriculture soit associée à l’éducation et à l’économie sur beaucoup de sujets centraux. Le fonds PISCCA, initiative de l’État Français par le biais de l’Agence France Développement en lien avec les ambassades locales qui se déploient dans tous les pays africains, entre dans cette volonté d’aider les plus démunis et intégrer davantage, ceux qui résident dans les endroits les plus reculés. Mais, les contradicteurs diront légitimement encore une politique décidée en dehors de la souveraineté malgache. Les actions doivent provenir désormais de l’État malgache. Combattre la pauvreté ne se décrète pas seulement, il faut agir dans une posture de reconstruction à part entière, à l’image des pays qui sortent d’une guerre et devant tout reconstruire, voici la bonne attitude à avoir. Plus facile à dire qu’à faire…

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